Historique

C’est lors du Salon de l’Automobile de Paris en octobre 1932 qu’André Citroën présente sa nouvelle gamme.

Elle est alors constituée de trois modèles principaux, déclinés en une multitude de carrosseries différentes :

  • 8 CV
  • 10 CV
  • 15 CV

Les 8 et 10 CV remplacent la précédente C4 et sont équipés de moteurs à 4 cylindres. La 15 CV remplace quant à elle la C6 et est dotée d’un moteur à 6 cylindres.

Par rapport aux précédentes C4 et C6, les nouveaux modèles ajoutent une boîte de vitesses synchronisées sur les 2 derniers rapports, un vitrage trempé Saint-Gobain Securit et le moteur flottant en série sur tous les modèles.

Un moteur pour tous les goûts

La 8 CV constitue l’entrée de gamme, avec son moteur de 1452 cm3 fournissant 32 chevaux. En berline, elle est dotée d’une caisse à 2 vitres latérales par côté et d’un empattement court de 2,7 mètres.

La 10 CV est le modèle supérieur avec une motorisation plus puissante de 1767 cm3 et 36 chevaux. L’empattement de 3 mètres permet à la conduite intérieure d’offrir un confort supérieur à la berline 8CV et de se doter de 3 glaces latérales par côté.

La 15 CV, au sommet de la gamme, est très proche dans sa finition de la 10 CV mais la mécanique 6 cylindres de 2650 cm3 produit 50 chevaux, de quoi atteindre plus de 125 km/h.

Les versions « Légère » utilisent la caisse de la petite 8 CV et un moteur plus puissant (de 10 ou 15 CV).

Comme vous l’aurez remarqué, il n’est pas question ici du nom de « Rosalie »…

A chacun sa carrosserie

Quel que soit ses besoins et envies, le client était quasiment sûr de trouver chaussure à son pied dans la gamme des 8, 10 et 15CV !

Des voitures fermées…

En plus des classiques berlines à 4 places (et 4 glaces latérales) proposées avec tous les moteurs, on pouvait opter en 10 ou 15CV pour une conduite intérieure (à 5 places et 6 glaces), ou une familiale encore plus longue disposant de 7 places assises et 6 glaces latérales.

La berline et la conduite intérieure étaient déclinées en versions commerciales dotées d’un large hayon arrière, permettant aux professionnels de disposer à la fois d’un véhicule utilitaire et d’un véhicule familial.

Les plus fortunés pouvaient s’offrir la version familiale 15 Grand Luxe, mieux équipée et mieux finie, au sommet de la gamme.

… Aux découvrables …

Les coachs (à 3 portes), disposaient de 4 à 5 places couvertes et étaient proposés avec 2 ou 4 glaces latérales. Ils pouvaient également être décapotables.

Pour bénéficier de 5 places couvertes et de la possibilité de replier le toit (mais sans pouvoir rabattre le pare-brise), il fallait passer commande d’un cabriolet.

Les cabriolets roadsters (découvrables et avec pare-brise rabattable) et faux-cabriolets offraient quant à eux 2 places couvertes et un siège de coffre repliable : le fameux « siège de belle-mère » !

Vous voulez voyager cheveux aux vent pour moins cher ? Les torpédos, proposés en 4 ou 6 places et même en commercial, permettaient de rouler au grand air sans glaces latérales pour un prix guère supérieur aux berlines. A cette époque, les torpédos ne sont déjà plus à la mode, et ce type de carrosserie ne sera plus proposé ensuite !

La plupart de ces carrosseries étaient disponibles avec toutes les mécaniques.

… En passant par les plus exotiques

Parmi les carrosseries les plus rares, on peut citer la berline Toutalu, le coupé de ville ou le coupé conduite intérieur… Des variantes aujourd’hui très difficiles à dénicher.

Mais reste une question en suspend, pourquoi appelle t-on ces voitures « Rosalie » alors que Citroën n’a jamais utilisé ce nom pour les désigner ?!

Le jour où la 8 CV est devenue « Rosalie »

Depuis les années 20, l’heure est aux records du monde de vitesse, d’endurance ou d’économie de carburant.

Le fabricant de lubrifiants Yacco engage depuis plusieurs années des véhicules dans cette chasse aux records du monde, et les pilotes avaient pour coutume de donner un surnom à leurs voitures selon la marque. Pour les différentes Citroën ayant déjà participé aux records, c’est le nom de « Rosalie » qui avait été choisi.

La première Rosalie de 1931 n’était pas une « Rosalie », mais une C6F ! En effet Yacco utilisait habituellement des modèles de forte cylindrée, pensant qu’une voiture plus puissante pouvait tenir des moyennes de vitesse plus élevées.

C’est en 1933 que Yacco choisit un châssis de 8 CV et l’équipe d’une carroserie spéciale. C’est la quatrième Rosalie de la lignée et elle s’appelle donc Rosalie IV.

Mais sur ses flancs, en raison de la faible cylindrée de la voiture, c’est le nom de « Petite Rosalie » qui est inscrit.

« Petite Rosalie » parcourt 300 000 kilomètres en 133 jours à la vitesse moyenne de 93 km/h, avec une mécanique et un châssis entièrement de série, et en utilisant exclusivement de l’huile Yacco du commerce.

André Citroën proposa 3 millions de francs au constructeur qui réussirait à battre ce record avec une voiture de série avant le 1er janvier 1935 : aucun n’y est parvenu.

Les 8, 10 et 15 CV venaient d’entrer dans la légende, et devenaient Rosalie pour l’éternité.

Pour préparer la Traction… La Rosalie Nouvel Habillage

En 1934, la toute nouvelle Citroën 7 CV à Traction Avant arrive. Les Rosalie ont déjà 2 ans et leur apparence est datée par rapport à la dernière née.

Le talentueux Flaminio Bertoni, qui a dessiné la Traction, propose alors un restylage de la Rosalie : les avertisseurs sont déplacés sur le pare-choc avant et une nouvelle calandre entourée de nouvelles ailes et de phares obus entièrement chromés fait son apparition. C’est la Rosalie NH !

Peu après, un éphémère train avant à roues indépendantes est installé, ces Rosalie sont appelées Série B. En raison de problèmes techniques, il est rapidement abandonné.

Au cours de l’année 1934, les Rosalie disparaissent. Définitivement ? Pas vraiment…

Un moteur de traction ?

La 7, développée très rapidement et avec peu de moyens, manque de mise au point. André Citroën a déjà renoncé à la boîte de vitesses automatique qui était prévue, la voiture se contentera d’une boîte mécanique à 3 rapports.

Les premiers clients essuient les plâtres, et rapidement Michelin, nouvel actionnaire, doit prendre une décision pour sauver la marque.

Alors que le développement de la 7 continue, Citroën remet sur le marché une vieille connaissance : la Rosalie ! Désormais dotées des moteurs culbutés des Traction Avant, elles sont appelées « MI » pour Moteur Inversé, car les Rosalie sont restées des propulsions.

Les MI sont disponibles en deux versions seulement, avec deux moteurs et une carrosserie pour chacun d’entre eux.

La 7 UA est une berline (4 glaces latérales et 4 places) équipée du 9CV de la Traction 7C, tandis que la 11 UA reprend le moteur de la Traction 11 avec une carrosserie conduite intérieure (6 glaces latérales et 5 places).

La fin de la propulsion pour Citroën

En 1938, après 6 ans de production et environ 88000 exemplaires fabriqués, la Rosalie s’efface définitivement au profit de la Traction Avant…